Le brave soldat Chvéïk de Jaroslav Hašek

1 avril 2024 § 2 Commentaires

Le Bon Soldat Švejk de Jaroslav Hašek au Helsingborgs stadsteater. Scénographie de Gunars Pavuls. Acteurs Per Jonsson (deuxième à gauche) et Per Sjöstrand (à droite) (©Wikimédia).

Le brave soldat Chvéïk de Jaroslav Hašek (1883-1923) est un ouvrage que j’avais lu il y a plus de trente ans. Dire que je m’en souvenais est un mensonge. En revanche, il me restait les éclats de rires, la verve féroce de l’auteur, son antimilitarisme, son anticléricalisme forcené.

Le brave soldat Chvéïk de Jaroslav Hašek est incontestablement un chef-d’œuvre littéraire qui puise ses racines dans un riche héritage littéraire. Avec un savant dosage d’inspiration des romans picaresques tels que Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, La Vie de Lazarillo de Tormes, et bien sûr, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, l’auteur a créé un personnage à la fois attachant et désastreux. La redécouverte actuelle de ce personnage emblématique, ainsi que les efforts de réimpression et de traduction de l’œuvre, confirment son importance durable dans la littérature mondiale.

Chvéïk est un vendeur de chiens de race (improbable), le plus souvent volés. La déclaration de guerre de l’Empire austro-hongrois le transporte d’allégresse. En effet, à rebours de ses compatriotes, ce tchèque est un ardent patriote autrichien. Mais ses transports de joie sont suspects et il tombe dans les griffes de la police politique. Jugé et jeté en prison, cet éternel optimiste est une plaie tant pour les prisonniers que pour les autorités qui ne savent quoi en faire. Et justement, un aumônier militaire, aussi alcoolique que nicolaïste le réclame comme « tampon », ordonnance. Ce sera l’épanouissement !

« C’est toujours au nom d’une divinité bienfaisante, sortie de l’imagination des hommes, que se prépare le massacre de la pauvre humanité. »

Mais on ne peut pas plus compter sur la sagesse de l’Occident puisque

« Notre civilisation ne s’introduisant chez eux [les anthropophages ] qu’au ralenti, ils ne revêtent point de chasubles, mais ornent leurs reins de plumes de couleurs éclatantes (p. 219) ».

Si les croyances religieuses, tout comme la défense des autorités en place par l’Église sont dénoncées, il ne faut pas croire une seconde à un quelconque aspect positif. Otto Katz, le Feldkurat, ayant fait vendre des meubles, porté au clou quelques autres pour obtenir de quoi acheter de l’alcool, il se trouve démuni de son autel de campagne, accessoire indispensable. S’ensuit une quête pour retrouver l’objet qui, bien entendu, a été vendu et revendu.

L’autel de campagne sortait des ateliers de la maison juive Moritz Mahler à Vienne, fabricante d’objets nécessaires à la messe et d’articles de piété, comme, par exemple, chapelets et images saintes.
Comme toute pompe de l’Eglise, cet autel, composé de trois parties, brillait d’oripeaux criards.

Chaque chapitre narre une aventure du brave soldat Chvéïk, de sombres tavernes à la prison, en passant par l’hôpital, l’église ou la caserne. L’occasion de découvrir l’âme tchèque en cette année 1914. Je ne déflore pas plus le sujet et vous laisse découvrir le reste, toujours mordant, et ne laissant jamais ni l’âme, ni les zygomatiques tranquilles.

Et n’oubliez pas :

« Je vous déclare avec obéissance que j’ai été reconnu par les médecins militaires comme étant un crétin notoire. »

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